Comment faire pour se reconnecter à ce qui est essentiel dans une société qui va si vite ?
- Estelle Borgeat
- 14 oct.
- 3 min de lecture
On vous a demandé : Quelles sont les questions de société que vous vous posez ?
Et en voici une : Comment faire pour se reconnecter à ce qui est essentiel pour un être humain dans une société qui va si vite ?
Qu’est-ce qui est vraiment essentiel ?
Vous êtes-vous déjà demandé·e ce qui était essentiel pour vous ? Vraiment essentiel ? Si demain tout pouvait changer, qu’est-ce que vous garderiez de cette société ?
Et si l’essentiel n’était pas ce qui brille, ce qui s’affiche ou ce qui s’accumule, mais ces détails minuscules : un café partagé, un lever de soleil, un rire qui éclate sans prévenir. Peut-être que l’essentiel est déjà là, mais que le rythme de nos vies nous empêche de le voir.
La vitesse comme norme sociale
Est-ce que ralentir pourrait être une forme de rébellion ? Une manière de résister à un système qui nous pousse à l’épuisement, à la consommation, à l’accumulation sans fin.
En Suisse aussi, cette course effrénée se ressent : le rapport Obsan 2025 sur la santé mentale montre que les troubles psychiques représentent un défi pour notre société. Ils affectent la qualité de la vie et soulignent les limites d’un modèle qui valorise la productivité avant le bien-être (Obsan).
Quand le corps nous parle
Avez-vous déjà eu cette sensation d’être toujours en retard, même quand vous atteignez vos objectifs ?
Le corps, lui, finit par parler. Fatigue, tensions, maladies. Et si c’était sa manière de nous rappeler que nous avons oublié comment respirer, comment aimer, comment nous relier à ce qui compte vraiment ?
Les jeunes en première ligne
Ce sentiment ne touche pas que les adultes. En Suisse, le bien-être des jeunes connaît une dégradation préoccupante. L’enquête HBSC 2022 (Health Behaviour in School-aged Children), menée auprès de 11 000 élèves de 11 à 15 ans, montre que la satisfaction de vie des adolescent·e·s baisse de manière significative, en particulier chez les filles de 13 à 15 ans. Elles rapportent davantage de symptômes psychiques comme la fatigue, l’irritabilité, les troubles du sommeil ou la nervosité. Les garçons sont eux aussi touchés, mais l’écart entre les sexes s’accentue avec l’âge (Addiction Suisse).
La Fondation Pro Juventute, dans son étude 2024, confirme cette tendance chez les jeunes adultes : beaucoup ressentent une forte pression liée aux défis du quotidien (logement, études, travail), aux conditions de vie parfois difficiles, et à l’exposition aux médias sociaux. Cette pression entraîne du stress, de l’angoisse, parfois un sentiment de découragement.
Pourtant, l’étude souligne aussi leur capacité de résilience : beaucoup développent des stratégies pour tenir, mais ils expriment un besoin croissant de soutien, d’écoute et de prévention pour ne pas s’épuiser (Pro Juventute).
Leur santé psychique devient un enjeu, et ce qu’ils traversent aujourd’hui est un miroir de ce que nous avons collectivement besoin de transformer.
Quel est l'impact de la technologie et des réseaux sociaux ?
Les technologies et les réseaux sociaux ont profondément transformé notre manière de vivre et de percevoir le monde. Ils nous connectent en permanence, mais cette connexion peut parfois nous éloigner de nous-mêmes. Les flux d’informations, la comparaison et la quête de visibilité créent un brouillard qui rend difficile l’accès à ce qui est essentiel. Tout devient urgent, tout semble important, et notre attention se disperse.
Pourtant, ces outils ne sont pas mauvais en soi : utilisés avec conscience, ils peuvent aussi être des espaces de partage, de sensibilisation et de créativité. La question n’est donc pas seulement de « débrancher », mais de trouver une juste place pour la technologie dans nos vies, afin qu’elle reste un outil au service de l’humain, et non l’inverse.
Comment créer de l’espace pour se reconnecter ?
On ne peut pas se reconnecter à ce qui est essentiel si notre agenda déborde et que chaque instant est occupé. On a besoin d’espace. De silence pour entendre ce qui se passe à l’intérieur de nous. De nature pour se rappeler que nous faisons partie du grand tout. De temps pour partager un repas sans regarder l’heure. De moments créatifs, écrire, danser, cuisiner, dessiner, pour retrouver le plaisir simple de faire avec nos mains et notre cœur. Ces espaces ne sont pas une perte de temps. Ils sont ce qui nous permet de respirer, de nous ancrer et de redonner du sens à notre quotidien.
Choisir ce qui compte
Et si demain on essayait ? On essayait de ralentir le rythme, de prendre un peu de hauteur sur notre quotidien, et de se demander s’il nous convient.
Travailler comme des acharné·e·s ou simplement aller se promener ? Investir pour l’avenir ou profiter de tout ce que l’on possède déjà ?
L’essentiel n’est peut-être pas un grand concept. C’est peut-être juste une façon d’habiter nos journées, de choisir ce qui compte, de remettre du sens dans certains de nos gestes.




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