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Et si trancher entre le bien et le mal ne faisait que nous diviser ?

Marie Blaser s'occupe de tout ce qui touche au développement durable chez Loyco. C’est également une excellente oratrice, et passer du temps avec elle permet de mettre les choses en perspective, de questionner réellement ce qu’est la durabilité et l’engagement, sans pour autant en oublier la réalité.


Pour Marie, il ne s’agit pas de dresser des listes de ce qui est « nécessaire » ou « inutile » à notre société. L’enjeu est ailleurs : comment nous organisons-nous, créons-nous, consommons-nous de manière plus responsable et durable ? Vouloir trancher entre le bien et le mal ne fait que diviser. Le véritable défi, c’est de retrouver du sens collectif pour avancer ensemble.


Quel est le rôle de la gouvernance ?


La gouvernance est trop souvent un mot abstrait, alors qu’elle conditionne tout.


La question à se poser c’est : est-ce que ce que nous faisons aujourd’hui aura encore du sens dans dix ans ?

Dans beaucoup d’organisations, les décisions se prennent encore de façon pyramidale, coupant les personnes de leur pouvoir d’agir. C’est là que naît le désengagement. Marie plaide pour une gouvernance vivante, participative, qui redonne à chacun·e une part de responsabilité.


L’engagement ne se décrète pas. Il se cultive. Marie aime dire que la sensibilisation, c’est comme un muscle : il faut l’entraîner régulièrement. Elle a testé différentes approches : ateliers collaboratifs, discussions ouvertes, expériences immersives. 


Tout le monde n’avance pas au même rythme, et ce n’est pas un problème. Comme dans une démocratie, certain·es sont moteurs, d’autres plus en retrait. L’essentiel est de créer des espaces où chacun·e peut être touché·e au moins une fois, suffisamment pour que cela laisse une trace.


Quel est le rôle des entreprises dans la transition écologique ?


Marie est convaincue que les entreprises et les organisations ont aujourd’hui plus de leviers que le politique. Et les PME, en particulier, sont des terrains d’expérimentation incroyables. Elles peuvent tester de nouveaux modèles, transformer leurs pratiques, et influencer toute une chaîne de partenaires, de client·es et de collaborateur·ices. La transition ne se fera pas uniquement par des gestes individuels, ni uniquement par des décisions politiques.

Les entreprises ont un pouvoir systémique : si elles changent, le reste peut suivre.

Et l’IA dans tout ça ?


L’IA fait déjà partie de nos vies professionnelles et personnelles. L’ignorer serait une erreur. Pour Marie, la question n’est pas de savoir si cette technologie est bonne ou mauvaise, mais comment l’intégrer de façon responsable. Cela veut dire anticiper ses impacts sur les métiers, accompagner les collaborateur·ices dans l’acquisition de nouvelles compétences, mais aussi réfléchir à son empreinte écologique et à son cadre éthique.


L’IA est un outil puissant, à condition de rester relié·es à ce qui fait notre humanité.

Comment recréer du lien ?


Son constat, c’est que notre culture actuelle valorise surtout la performance individuelle et le divertissement immédiat, au détriment du lien social et du sens partagé.


Pour Marie, la transition passera forcément par une redécouverte de la solidarité, de la coopération et du vivre-ensemble.

Cela peut se traduire dans la manière de travailler, mais aussi dans nos choix de consommation, nos loisirs, ou encore la place que nous donnons aux échanges authentiques. C’est dans ce retour au collectif que réside, selon elle, une partie de la réponse aux crises que nous traversons.


Comment imagines-tu l’avenir ?


L’avenir oscille entre incertitude et opportunité. Les crises climatiques, la raréfaction des ressources, les tensions géopolitiques vont nous forcer à nous adapter.


Mais cette contrainte peut être le début d’une autre manière de vivre. Marie imagine une société plus solidaire, collaborative, où l’on accepte de ralentir, de mutualiser, de retrouver du lien.

La nature, avec ses cycles et ses saisons, nous rappelle que tout a besoin de temps pour se régénérer. Pourquoi nos entreprises et nos vies devraient-elles fonctionner autrement ?



Marie Blaser


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